Paul Féval (1817-1887), dit Féval père, est issu d'une famille de magistrats assez humble. Après des études de droit, sa carrière d'avocat s'achève à sa première plaidoirie, car il est bien trop passionné par les lettres pour continuer, et quitte Rennes pour Paris. Ami de Gustave Doré, Jules Vernes et Charles Gounod, il fait sa place parmi les gens de lettres. Il fut d'ailleurs président de la Société des Gens de Lettres à plusieurs reprises, brilla parmi ses pairs et s'illustra comme un personnage spirituel et plein de vie. Il reprend du service en tant qu'avocat pour défendre la propriété littéraire, notion qui en est alors à ses premiers balbutiements. Écrivain prolixe, c'est un homme fort cultivé maniant plusieurs langues. Ses premières lectures — Shakespeare, Byron, Hugo, les Confessions de Rousseau — teintent évidemment ses œuvres de romantisme. Il commence sa carrière d'écrivain par des romans feuilletons : Les Mystères de Londres (1944), qui concurrence les Mystères de Paris d'Eugène Sue, Les Amours de Paris (1845). Ses œuvres s'installent durablement dans le genre du roman populaire. Le plus illustre d'entre eux aujourd'hui, Le Bossu (1858), est un roman de cape et d'épée que de nombreuses adaptations cinématographiques - notamment avec Jean Marais - ont su immortaliser.
La notoriété de Paul Féval a certainement été amoindrie par les critiques qui l'ont classé, en tant qu'auteur de littérature populaire, parmi les écrivains de seconde classe ; or il était de son temps tout aussi considéré qu'un Mérimée. En 1876, une inspiration religieuse nouvelle le fait expurger ses précédentes œuvres et donne un ton différent aux suivantes. Sa carrière littéraire s'étend sur une quarantaine d'années pendant lesquelles il produit plus de deux cent cinquante titres. Atteint de paralysie à partir de 1880, il meurt ruiné par des spéculations financières hasardeuses.